Au delà du cliché, l’architecture japonaise comme modèle d’innovation

Une nuit dans un “capsule hotel” reste un folklore populaire auprès des touristes de passage dans la capitale japonaise. Mais d’où vient donc cette étrange idée des architectes nippons d’habiter une unité de vie toujours plus minimaliste ? La raison est-elle uniquement pour offrir une nuit à bas prix aux salarymens exténués par leurs afterworks festifs qui auraient raté leur dernier train ?

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Nakagin Capsule Tower, Kisho Kurokawa, Tokyo, 1972

Les habitations de l’archipel ont toujours été intriguantes et fascinantes pour les occidentaux car leur architecture singulière reste un mystère pour les profanes. Depuis les constructions traditionnelles en bois de générations de charpentiers hors pair, jusqu’aux capsules minimales des architectes modernistes, les japonais nous ont toujours étonné par leurs façons d’“habiter”. Les designers nippons n’ont cessé d’expérimenter de nouveaux modes de vie, notamment à travers la maison individuelle, leur meilleur terrain de jeux pour réinventer la tradition et l’adapter à des aspirations plus contemporaines.

“ Je ne considère jamais l’architecture traditionnelle comme un modèle auquel me comparer. Je l’ai dans le sang et elle agit à l’intérieur de moi-même. Je pense donc que ce sont les Occidentaux qui analysent l’architecture japonaise en ces termes, plutôt que les japonais eux-mêmes.”

Kazuyo Seijima (SANAA)

Je vous invite à découvrir ici quelques uns de mes gourous nippons (certains dont j’ai eu la chance de croiser le chemin au Japon) à travers ce bref -et non-exhaustif- historique sur l’évolution de l’architecture japonaise depuis la fin du XXème siècle.

Là où tout a commencé : l’avant-garde métaboliste

Dans les années 60, un mouvement d’avant-garde appelé Metabolisme fait son apparition au Japon. Mais c’est surtout grâce à l’exposition universelle d’Osaka en 1970 qu’il entre sur le devant de la scène architecturale internationale. Les métabolistes de l’époque revendiquent une architecture et un urbanisme novateurs, souvent classés dans les utopies urbaines où la ville est mobile et évolutive, comme un organisme vivant.

Le bâtiment phare de cette mouvance est la fameuse “Capsule Tower” de Kisho Kurokawa construite quelques années après l’exposition universelle qui a mise en lumière les architectes japonais. A ne pas confondre avec le vaisseau capsule de Sangoku dans Dragon Ball, bien que dans l’idée on retrouve une certaine similitude. Dans l’idée de Kurokawa, l’unité d’habitation est faite pour une seule personne et contient tout le confort dans un minimum d’espace. Ces modules sont ensuite assemblés le long de deux piliers en béton armé au centre desquels se situent les escaliers et ascenseurs. Ce projet matérialise les fantasmes des métabolistes sur la mobilité et la croissance urbaine. Les personnes résidant dans leur capsule auraient pu se déplacer avec leur habitat au gré des différents supports aménagés en ville, amenant une nouvelle conception de l’urbanité et de la société. Utopie, direz-vous. Certes rien de tout cela n’a réellement vu le jour (mise à part cette tour prototype qui aujourd’hui se démène pour se maintenir dans le ciel de Ginza). Mais ces idées novatrices ont façonné les imaginaires de bien des architectes de l’époque jusqu’à nos jours.

Pour découvrir la suite des architectes japonais présentés ici, direction le site de pop-up urbain pour la version complète de l’article !

À propos de la Nakagin Capsule Tower : retrouvez les dernières nouvelles sur son projet de démantèlement.